Laura. Entretien avec la fondatrice de Datalumni

Laura. Entretien avec la fondatrice de Datalumni

Alors qu’elle était étudiante en droit, Laura se sentait frustrée de ne pas avoir plus d’informations concernant son orientation professionnelle. Pourtant, des anciens prêts à donner un peu de leur temps pour tendre la main à un·e étudiant·e il y en a pleins et elle en est convaincue ! C’est de cette volonté de permettre à chaque étudiant·e de faire LA rencontre qui va changer sa vie, qu’est née Datalumni, la plateforme de mise en relation entre diplômés, étudiants et recruteurs.

Alumni ICR : Comment avez-vous eu l'idée de créer votre entreprise ? Quel était votre objectif initial lors de la création de votre startup ?

Laura Lizé : L’idée de créer Datalumni est venue alors que j’étais en fac de droit. À la rentrée, le directeur de ma licence nous a averti que parmi toutes les têtes présentes ce jour, seuls 20 % d’entre nous sortiraient diplômés et qu’en réalité « y’a pas vraiment de travail pour tout le monde ».

Ça m’a fait un sacré choc. Pourtant il avait raison, je voyais mon amphi se vider de jour en jour. J’avais l’impression d’assister à un terrible gâchis. J’aurais aimé que des anciens viennent nous parler pour nous parler de leur vision de l’après. J’avais besoin d’être rassurée et qu’on me montre l’étendue des possibilités qui s’ouvriraient à moi après mon diplôme.

C’est de cette envie de partage intergénérationnel qu’est née Datalumni. [ndlr, exactement la même raison qui nous a poussé à créer Alumni ICR !]

Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez été confronté en créant votre entreprise ? Comment les avez-vous surmontés ?

LL : Le principal défi a été de vraiment se lancer : quitter son travail, vendre son appart et mettre une partie de ses économies sur le tapis pour que cette idée fonctionne. Cela demande de lever pas mal de barrières et d’avoir une bonne dose de confiance en soi et son projet.

Ensuite je dirais que le nerf de la guerre est et restera toujours le développement commercial. Comment se faire une place dans un marché un peu frileux et peu connu pour son aspect novateur, avec des concurrents qui sont là depuis plus de 15 ans ? C’est un sujet du quotidien mais après 4 ans sur le marché je peux affirmer sans craindre que le marché soit assez gros pour nous tous.

Comment avez-vous financé votre entreprise au départ ? Avez-vous eu recours à des investisseurs, un emprunt ou avez-vous autofinancé votre entreprise ?

LL : Au début j’ai commencé par des fonds propres. J’ai dédié 10 000 euros à la création d’une V1, la location d’un tout petit bureau et la gratification de stage de la toute première collaboratrice de Datalumni.

Ensuite, j’ai obtenu le soutien du Réseau Initiative qui m’a accordé un prêt d’honneur à 0% d’un montant de 20 000 euros. Dans le même temps, la banque m’a octroyé un prêt de 40 000 euros. Il s’agit de petites sommes pour une création d’entreprise, obtenir ces prêts a été très rapide et simple, même si je venais financer du BFR [ndlr, besoin en fonds de roulement] (les banques sont réputées frileuses pour financer du BFR qui n’est pas recouvrable en cas de pépins).

J’ai eu une gestion très frugale de Datalumni les premières années et je suis contente d’avoir procédé comme cela car cela m’a permis d’avancer sereinement sur mon développement sans avoir à craindre de ne pas pouvoir rembourser mes créanciers.

Cette gestion a permis à Datalumni d’être rentable dès la première année.

Quelle a été votre plus grande joie ? Qu’est-ce qui vous stimule et vous donne envie de continuer l’aventure ?

LL : Il y en a tellement ! C’est un peu ça l’entrepreneuriat : beaucoup de moments d’euphorie mais aussi de déceptions. À chaque signature de client et embauche d’une nouvelle personne je saute au plafond. Ma plus grande joie est de voir cette équipe incroyable qu’on a réussi à constituer dans nos tout nouveaux locaux.

On travaille dans un environnement définitivement bienveillant et motivé par cette mission collective. C’est ultra stimulant. Voir l’équipe aussi impliquée me pousse chaque jour à aller décrocher la lune. Mon rêve c’est que plus aucun jeune n’arrête ses études tout simplement parce qu’il croit qu’il ne pourra pas y arriver.

Je veux que chacun·e d’entre eux puisse faire "LA" rencontre (avec un·e alumni) qui changera le court de son destin et lui donnera confiance en l’avenir.

Comment avez-vous construit votre équipe ? Quels ont été les critères de recrutement ?

LL : Dès le stade de l’idée, j’ai accueilli pas mal de stagiaire pour faire une arrivée en force d’un point de vue communication. Je voulais qu’on soit - de près ou de loin - dans la tête de chaque responsable communication d’école et ça demande de faire beaucoup de contenus pertinents et professionnels.

Et peu à peu l’équipe s’est agrandie : 1 tiers de l’équipe au développement, 1 tiers au commercial et 1 tiers au suivi client.

Chez Datalumni, on recherche des personnes gentilles (eh oui critère numéro 1), proactives et curieuses d’apprendre de nouvelles choses. Tout évolue si vite ! C’est cette curiosité qui nous permet de rester à jour et de proposer des services de qualité.

Le diplôme n’a pas vraiment d’importance à nos yeux.

Comment avez-vous géré la concurrence sur le marché ? Avez-vous eu des partenariats avec d'autres entreprises ou des investisseurs pour vous aider à vous démarquer ?

LL : Nous sommes sur un marché avec peu de concurrents mais qui sont très bien implantés. J’avais largement sous-estimé ce point lors du lancement de Datalumni. À vrai dire, je pensais que je sortirais plus facilement mon épingle du jeu. Mais heureusement que j’ai minimisé ce point sinon je n’y serais jamais allée.

Pour se démarquer, surtout quand on est autofinancé, il faut faire preuve d’agilité et de petites ruses pour essayer de rattraper son retard. Nous avons packagé une offre vraiment différente et qui inclut de la communication pour décharger nos clients et nous démarquer.

Comment évaluez-vous la réussite de votre entreprise ?

LL : L’échelle de la réussite à Datalumni est basée sur une équation simple : clients contents + équipe contente de venir travailler le matin = réussite !

Quels sont vos projets pour l'avenir de votre entreprise ?

LL : On aimerait étendre notre champ d’action sur de nouvelles cibles et on a lancé une version entreprise de notre plateforme afin de permettre aux entreprises de garder le lien avec leurs anciens collaborateurs.

On aimerait aussi offrir un espace simplifié pour permettre aux recruteurs de sourcer les meilleurs talents parmi nos différentes écoles clientes.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneuses.eurs qui cherchent à créer leur entreprise ? Quels sont les principaux enseignements que vous avez tirés de votre expérience de création d'entreprise ?

LL : Lancez-vous ! Et testez rapidement votre idée auprès de vos cibles. Vous aurez beau faire le plus beau produit, si vous n’avez pas de clients en face, celui-ci ne servira à rien. Le product market fit est la première chose dont vous devez vous assurer.

En tant que fondateur/trice vous serez obligatoirement le premier commercial de votre entreprise alors décrochez votre téléphone et confrontez-vous à la réalité du marché. Le téléphone c’est si vous souhaitez faire du B to B mais si vous vous adressez à des particuliers les campagnes marketing vous permettront d’évaluer ce « product marketing fit ». Attention, pour un test concluant vous devrez investir des sommes suffisantes dans cette étude.

L’entreprise à 1€ est un mythe pour moi car ça coute de l’argent de chercher des clients. C’est important que vous investissiez dans votre réussite.

L’entrepreneuriat est un long chemin d’apprentissage. L’optimisme et la capacité à rallier des gens à votre cause seront vos principaux atouts en tant qu’entrepreneur.

Et si vous voulez en discuter, vous pouvez me contacter par ici :)

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